Au mois de juillet 2017, le gouvernement a annulé 33 millions d’euros de crédits sur le budget 2017 de l'Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE). 

Cette décision brutale, en cours d'année budgétaire, va avoir une incidence durable sur la qualité des enseignements dispensés au sein des établissements français à travers le monde. Tel qu'il est dessiné, le système de l'enseignement français à l'étranger se dirige vers une privatisation qui ne dit pas son nom, ou même vers une disparition.

Les suppressions des postes d'enseignants titulaires (500 postes soit 8% des effectifs) vont mécaniquement entraîner la hausse des recrutements d'enseignants en contrats locaux, aux conditions plus précaires, sans garantie de pérennité des postes ni de qualité pédagogique.

La coupe budgétaire va également geler les investissements à venir, qui garantissent un maintien de la qualité d'accueil des élèves dans les écoles, dans des bâtiments souvent vieillissants voire déjà saturés. 

La hausse des frais de scolarité dans le réseau AEFE et pour les écoles conventionnées va s'imposer, et toucher directement les familles françaises ainsi que les familles locales ayant inscrit leurs enfants dans nos  écoles. Or les frais de scolarité ont déjà considérablement augmenté ces dernières années. Pour de nombreux Français de l'étranger, salariés, indépendants, artistes, entrepreneurs, enseignants… ces sommes représentent un budget déjà bien trop important. De nouvelles hausses vont forcément exclure certains de nos compatriotes du système français d'éducation ou les contraindre à devoir envisager un retour en France, mettant ainsi un terme aux liens étroits qu’ils tissent quotidiennement, pour la France, avec leur pays d'accueil.

Le système français d'éducation à l'étranger est l'honneur de la France, envié par d'autres pays. Il permet de promouvoir la culture française et de développer notre économie grâce à notre présence internationale, tout en maintenant la pérennité du lien qui nous unit à notre pays. Dans certains pays, il est parfois le dernier maillon, encore animé, de l’aide et de l’influence culturelle et économique française. 

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Député(e)s, vous vous êtes engagés devant les Français à travailler au renforcement de notre Nation et de l'économie, dont une partie repose sur notre capacité à peser à l'international, et dont les Français de l'Etranger sont tous ambassadeurs actifs. Vous pouvez désormais faire la preuve de la fidélité à vos engagements et la cohérence entre vos discours et vos actes. Qu’est-il de plus important que de former le monde "à la française", dans notre politique d'influence étrangère ?

Nous, Français de l'Etranger, familles étrangères ayant fait le choix de l'Ecole française, membres d'Associations de Parents d'élèves, enseignants titulaires et contractuels, vous demandons en conséquence:

·      De réévaluer à la hausse les budgets alloués à l'AEFE et de renoncer aux suppressions de postes d'enseignants titulaires, pour permettre au système français d'enseignement à l'étranger de continuer à garantir aux élèves français et nationaux l'accès à une éducation de qualité, souvent qualifiée d'excellente.

·      De travailler avec l'AEFE à un système de répartition des frais de scolarité qui assure un accès aux écoles françaises aux familles françaises à l'étranger  à coûts raisonnables, avec notamment une révision du système d'octroi des bourses.

·      De permettre, via l’enseignement français à l’étranger, de continuer à former les élites locales et leur donner le goût pour la culture, le savoir-faire français et ainsi faciliter et promouvoir les échanges futurs.

·      Nous vous remercions donc de considérer l’octroi de crédits supplémentaires plutôt que leur réduction, et de permettre ainsi aux écoles françaises à l’étranger d’assurer leur rôle éducatif pour nos enfants, et aussi de contribuer pleinement à la politique d’influence française dans le monde via l’action la plus efficace, celle de l’éducation.